Dans le bocage virois, la filière bois-énergie de la commue nouvelle de Valdallière, anciennement communauté de communes de Vassy, fait figure d’exemple. Ici, les haies des agriculteurs chauffent la piscine, le gymnase et une salle intercommunale. Belle démonstration de préservation du bocage tout en développant une filière d’énergie locale. Retour sur la visite de Valdallière, l'un des sites de la journée d'études du jeudi 13 octobre 2016, organisée par la Métropole Rouen Normandie, en partenariat avec l'ARE Normandie.

Les intervenants
Rémi Labrousse, maire-adjoint en charge des questions environnementales et agricoles
Patrice Lepainteur, agriculteur, conseiller municipal
Jean Pavie, directeur général des services
Fanny Lemaire, Pays du Bessin au Virois
Rémi Labrousse, maire-adjoint en charge des questions environnementales et agricoles
Patrice Lepainteur, agriculteur, conseiller municipal
Jean Pavie, directeur général des services
Fanny Lemaire, Pays du Bessin au Virois
Un diagnostic de territoire

Un diagnostic de territoire réalisé en 1995-1996 a mis en avant les enjeux bocagers du territoire. Les remembrements des années 80 et l’inadaptation des bocages traditionnels aux nouvelles pratiques agricoles ont déstructuré le paysage. Pourtant la haie offre de nombreux services, à commencer par son rôle contre le vent, l’érosion et le ruissellement. Elle participe aussi au maintien de la biodiversité et offre une source d’énergie renouvelable.
Un programme de replantation de haies
Dès 1997, la communauté des communes de Vassy décide de mettre en place une opération pilote de recomposition paysagère. La commune de Presles (900 hectares) se porte candidate.
Profitant de l’appui financier du Conseil général du Calvados, la collectivité propose aux agriculteurs de planter des haies sur leurs parcelles. L’opération est gratuite pour l’agriculteur. En contrepartie il prend en charge leur entretien et doit les conserver pendant 10 ans.
La mise en place des plants est réalisée par une association d’insertion Rivières et Bocage,s spécialisée dans la filière bois et l'entretien des espaces verts. Cette structure se charge de la préparation du sol, de la plantation et du paillage. L'achat de plants de qualité est un facteur essentiel pour la réussite de l'opération.
Un budget de 50 000 € est consacré chaque année aux travaux nécessaires à la plantation. Ils sont pris en charge à hauteur de 70 % par le Conseil général du Calvados, le restant étant à la charge de la communauté des communes.
Tous les 10 à 15 ans, une taille à ras, ou recépage, est opérée sur la haie. Loin de déstructurer le paysage, c’est un entretien normal qui permet de rajeunir les arbres et dynamiser la haie.
En revanche, à chaque arrachage de haie, un autre linéaire est replanté ailleurs sur les terrains de l’agriculteur. Le paysage n'est pas figé et les haies peuvent être déplacées, telle est la vision des élus et techniciens de Valdallière. Mieux vaut une haie jeune continue qu'une ancienne discontinue, qui ne résistera pas aux tempêtes. La gestion de la ressource est nécessaire.
Rapidement, la commune voit son linéaire de haies augmenter. C’est au total 200 km de haies, soit 11 km en moyenne par an qui ont été replantés depuis 1997. Cela représente 170 000 arbres et arbustes. Les essences locales sont privilégiées : noisetier, châtaignier, érable, chêne...
Sur le département, d’autres collectivités ont mis en place des haies sur des terres agricoles, mais ces projets rencontrent peu de succès. La démarche s’est mieux implantée ici qu’ailleurs. Vassy obtient l’adhésion de 95 % des agriculteurs car ces derniers font partie intégrante du projet. Des agriculteurs - élus ou non - participent à la « Commission agricole » qui pilote l’opération et s'intéresse également aux sujets environnementaux. L'environnement et l'agriculture se sont pas dissociés. Un technicien/animateur épaule aussi l’exploitant en assumant la conception et le suivi des opérations de plantation et d’entretien. D'une grande disponibilité et à l'écoute, il a su gagner la confiance des agriculteurs. L'animation est une clé de la réussite d'un tel projet.
L’agriculteur dispose également d’une grande liberté dans le choix des plants et celui de la clôture. Rien est imposé, ce qui facilite son adhésion au projet. Tout est fait pour qu'il s'approprie la haie, élément fondamental pour qu'il l'entretienne durablement.
Voir aussi : Bois de chauffage, ressource d'avenir, ARE Normandie, Connaître pour agir, 51
Profitant de l’appui financier du Conseil général du Calvados, la collectivité propose aux agriculteurs de planter des haies sur leurs parcelles. L’opération est gratuite pour l’agriculteur. En contrepartie il prend en charge leur entretien et doit les conserver pendant 10 ans.
La mise en place des plants est réalisée par une association d’insertion Rivières et Bocage,s spécialisée dans la filière bois et l'entretien des espaces verts. Cette structure se charge de la préparation du sol, de la plantation et du paillage. L'achat de plants de qualité est un facteur essentiel pour la réussite de l'opération.
Un budget de 50 000 € est consacré chaque année aux travaux nécessaires à la plantation. Ils sont pris en charge à hauteur de 70 % par le Conseil général du Calvados, le restant étant à la charge de la communauté des communes.
Tous les 10 à 15 ans, une taille à ras, ou recépage, est opérée sur la haie. Loin de déstructurer le paysage, c’est un entretien normal qui permet de rajeunir les arbres et dynamiser la haie.
En revanche, à chaque arrachage de haie, un autre linéaire est replanté ailleurs sur les terrains de l’agriculteur. Le paysage n'est pas figé et les haies peuvent être déplacées, telle est la vision des élus et techniciens de Valdallière. Mieux vaut une haie jeune continue qu'une ancienne discontinue, qui ne résistera pas aux tempêtes. La gestion de la ressource est nécessaire.
Rapidement, la commune voit son linéaire de haies augmenter. C’est au total 200 km de haies, soit 11 km en moyenne par an qui ont été replantés depuis 1997. Cela représente 170 000 arbres et arbustes. Les essences locales sont privilégiées : noisetier, châtaignier, érable, chêne...
Sur le département, d’autres collectivités ont mis en place des haies sur des terres agricoles, mais ces projets rencontrent peu de succès. La démarche s’est mieux implantée ici qu’ailleurs. Vassy obtient l’adhésion de 95 % des agriculteurs car ces derniers font partie intégrante du projet. Des agriculteurs - élus ou non - participent à la « Commission agricole » qui pilote l’opération et s'intéresse également aux sujets environnementaux. L'environnement et l'agriculture se sont pas dissociés. Un technicien/animateur épaule aussi l’exploitant en assumant la conception et le suivi des opérations de plantation et d’entretien. D'une grande disponibilité et à l'écoute, il a su gagner la confiance des agriculteurs. L'animation est une clé de la réussite d'un tel projet.
L’agriculteur dispose également d’une grande liberté dans le choix des plants et celui de la clôture. Rien est imposé, ce qui facilite son adhésion au projet. Tout est fait pour qu'il s'approprie la haie, élément fondamental pour qu'il l'entretienne durablement.
Voir aussi : Bois de chauffage, ressource d'avenir, ARE Normandie, Connaître pour agir, 51
La filière bois énergie

Pour trouver un débouché pour le bois issu de l’entretien des haies, l’orientation vers une filière bois énergie d'orignie locale s’est imposée comme une évidence. L’augmentation du prix des énergies fossiles rend les projets bois de plus en plus avantageux.
Une chaudière à bois est installée avec une plate-forme de stockage et de séchage attenante. Les copeaux sont ainsi séchés sur leur lieu de consommation, évitant un coût de transport supplémentaire.
Pour chauffer la piscine, le gymnase et une salle intercommunale, la collectivité a besoin de 200 tonnes de copeaux secs nécessitant la production de 305 tonnes de copeaux verts soit 4 à 6 km de haies. La production des agriculteurs couvre largement la demande.
Pour ces projets, la communauté de communes a bénéficié d’aides importantes du Conseil général du Calvados, du Conseil régional de Basse-Normandie, de l’ADEME et des fonds européens FEDER.
L’approvisionnement en bois est exclusivement issu de l’exploitation locale des haies. Les exploitants prennent en charge la coupe et le déchiquetage du bois. Ils livrent ensuite le bois à la plateforme, située dans un rayon de moins de 10 km. Le temps d'approvisionnement est réduit.
La tonne verte est payée 61,75 €, de quoi payer le bois, le transport, le déchiquetage et la main d’œuvre. Les agriculteurs ne sont pas rétribués en fonction du cours du marché mais selon les coûts de production et d’entretien. Un peu plus chers certes, mais cela permet aux exploitants de s’inscrire dans une démarche durable.
Une chaudière à bois est installée avec une plate-forme de stockage et de séchage attenante. Les copeaux sont ainsi séchés sur leur lieu de consommation, évitant un coût de transport supplémentaire.
Pour chauffer la piscine, le gymnase et une salle intercommunale, la collectivité a besoin de 200 tonnes de copeaux secs nécessitant la production de 305 tonnes de copeaux verts soit 4 à 6 km de haies. La production des agriculteurs couvre largement la demande.
Pour ces projets, la communauté de communes a bénéficié d’aides importantes du Conseil général du Calvados, du Conseil régional de Basse-Normandie, de l’ADEME et des fonds européens FEDER.
L’approvisionnement en bois est exclusivement issu de l’exploitation locale des haies. Les exploitants prennent en charge la coupe et le déchiquetage du bois. Ils livrent ensuite le bois à la plateforme, située dans un rayon de moins de 10 km. Le temps d'approvisionnement est réduit.
La tonne verte est payée 61,75 €, de quoi payer le bois, le transport, le déchiquetage et la main d’œuvre. Les agriculteurs ne sont pas rétribués en fonction du cours du marché mais selon les coûts de production et d’entretien. Un peu plus chers certes, mais cela permet aux exploitants de s’inscrire dans une démarche durable.
Une politique gagnant gagnant

La structure intercommunale fait une économie annuelle de 40 % en moyenne de frais de combustible et de fonctionnement. Par ricochet, le contribuable s’y retrouve aussi, puisqu’il profite de l’économie réalisée.
Les agriculteurs bénéficient d’une valorisation économique de leur haie, ce qui contribue à faire évoluer les pratiques agricoles. Les paysages sont préservés en utilisant une énergie locale et renouvelable.
Les enjeux environnementaux et paysagers sont ainsi pris en compte.
Face au succès de l'opération, Vallardière va développer une deuxième réseau de chaleur alimentant résidence pour personnes âgées, groupe scolaire, logements et administration...
Les agriculteurs bénéficient d’une valorisation économique de leur haie, ce qui contribue à faire évoluer les pratiques agricoles. Les paysages sont préservés en utilisant une énergie locale et renouvelable.
Les enjeux environnementaux et paysagers sont ainsi pris en compte.
Face au succès de l'opération, Vallardière va développer une deuxième réseau de chaleur alimentant résidence pour personnes âgées, groupe scolaire, logements et administration...
En gérant durablement la ressource bocagère, en soutenant la production locale d'une énergie renouvelable et en donnant une valeur économique à la haie, Valdallière inscrit son action dans l’économie circulaire et contribue au développement économique de son territoire.